La Maladie de la mémoire

A voir lundi 26 mars 2012 à 21h35 sur RTS2

Le travail de la mémoire est le grand thème qui parcourt toute l’œuvre du cinéaste suisse Richard Dindo. La maladie d’Alzheimer et son processus de perte inéluctable ne pouvaient donc que toucher l’auteur de «Rimbaud, une biographie» (1991). Avec une équipe réduite, Dindo filme et, surtout, écoute plusieurs couples dont l’intimité est profondément bouleversée par la terrible maladie. Le mari ou la femme se faisant lui-même le ou la biographe de celui ou de celle qui est en train de perdre pied, le cinéaste a pu abandonner cette fonction qui lui était jusqu’alors dévolue.

Ce que Dindo parvient à saisir avec une acuité très respectueuse, c’est la douleur sourde de ce que les spécialistes nomment le «deuil blanc»… Progressant par pallier irrémédiable, la maladie d’Alzheimer contraint les proches à une sorte d’au revoir permanent. Chaque avancée du mal fait disparaître une part d’intimité, efface tout un pan de l’être aimé, alors qu’il continue de vivre là sous nos yeux! Au gré des témoignages, transparaît peu à peu l’idée, si belle mais sans doute scientifiquement non fondée, que l’amour peut freiner un tant soit peu la progression de la maladie.

Cette idée est à l’origine des scènes les plus émouvantes du film, lequel se garde bien de les dramatiser! Jouant du piano pour un ancien organiste très gravement atteint, l’une de ses amies ressuscite quelque chose en lui qui le transporte littéralement de joie… Rarement l’émotion produite par une réminiscence, qui restera secrète pour le spectateur, n’aura été si bien traduite au cinéma!

de Richard Dindo
France, 2002, 1h30