A voir jeudi 8 septembre 2011 à 20h40 sur Arte
Avec cet art du contre-pied – qui est la marque des grands cinéastes toujours soucieux de ne pas se laisser enfermer dans un genre ou un style – David Lynch nous offre avec «The Straight Story» l’antithèse parfaite de «Lost Highway» : un récit linéaire qui prend son temps, lumineux, dont la logique narrative est clairement identifiable. L’argument de ce chef-d’œuvre appaisant (malgré les fantômes qu’il fait passagèrement surgir) constitue en quelque sorte l’illustration de la fameuse phrase finale du «Pickpocket» de Bresson: «Quel chemin j’ai dû parcourir pour arriver jusqu’à toi!». A une époque où la communication est instantanée, un vieil homme met un temps incroyable à parcourir quelques 500 kilomètres dans l’espoir de communiquer justement… Alvin Straight (Richard Farnsworth décédé depuis), 73 ans, se remet à peine d’une chute lorsqu’il apprend que son frère a eu une attaque. Suite à un différend, les deux hommes ne se sont plus parlé depuis dix ans… Jugeant qu’il est grand temps de se réconcilier, Alvin quitte la petite bourgade de Laurens, Iowa, au volant du petit tracteur qu’il utilise pour tondre sa pelouse – sa mauvaise vue, due à son grand âge, lui interdit de conduire tout autre véhicule! Prenant la direction de Mount Zion, Wisconsin, Alvin entreprend alors un périple qui est à la fois un long cheminement vers l’acceptation de sa fin et une sorte d’ultimes retrouvailles (à la John Ford, auquel le film fait parfois penser) avec un bout de mémoire de l’Amérique… Jamais balade cinématographique n’a été aussi émouvante!
The Straight Story
de David Lynch
Etats-Unis / France, 1999, 1h50