S’inspirant de faits réels, le cinéaste américain David O. Russel raconte la tentative de deux bras cassés désireux de retrouver gloire et respectabilité sur le ring de la vie. Rédemption et étouffoir familial constituent les deux thèmes d’un film conventionnel mais très attachant, qui a valu l’Oscar du meilleur second rôle à Christian Bale. Dans la vraie vie, Dick Eklund a bel et bien mis au tapis le mythique Sugar Ray Leonard, avant de sombrer dans une toxicomanie tenace. De même, il a contribué au titre de champion du monde de son demi-frère cadet Micky Ward… La boxe n’a pas besoin du cinéma pour créer des légendes! Mais c’est sans doute pour cette raison que le septième art est monté plus d’une fois sur le ring, déléguant entre quatre cordes certains de ses champions de la mise en scène, à l’instar des Martin Scorsese, Raul Walsh, Luchino Visconti, John Huston et autre Robert Wise. Même s’il ne peut pas encore prétendre au titre, David O. Russel est déjà un cinéaste à suivre. Pour mémoire, «Les rois du désert» (2000) remontait avec insolence le moral de trois militaires frustrés par l’issue de la Guerre du Golfe. Resté inédit en Suisse, «J’adore Hucabees» (2003) est tout simplement l’une des comédies les plus originales de la décennie. Bref, O. Russel n’a pas à rougir de son palmarès!
Tourné à Lowell, zone industrielle sinistrée historique sise dans le Massachusetts, sur les lieux mêmes des événements, son cinquième long-métrage touille à priori les ingrédients classiques du film dit de boxe. Boxeur résistant, à la carrière incertaine parce qu’il encaisse un peu trop bien les coups, Micky (Mark Wahlberg) est repris en main par son demi-frère Dick (Christian Bale), qui connut son heure de gloire sur le ring, avant de déchoir… Tout irait pour le mieux si ce «gagneur», qui provoque tout azimut, n’entraînait pas derrière lui une famille encombrante, composée d’une mère pour le moins abusive (une Melissa Leo cruellement brushée) et de sept sœurs très peu amènes. Soucieux de prendre ses distances avec ce gynécée envahissant, qui lui veut à tout prix du bien, le pauvre Dick lui oppose sa nouvelle petite amie, Charlene (Amy Adams), un combat à priori inégal, bien que cette dernière ait un caractère bien trempé! On l’aura compris, le meilleur du film réside dans la description de cette famille, version infernale. Comme John Huston («Fat City», 1982) ou Visconti («Rocco et ses frères», 1954), Russel privilégie l’entourage et le milieu dans lesquels se débattent ses «combattants». Les séquences véritablement consacrées à la boxe sont hélas plus conventionnelles, et ne tarde pas à planer sur le ring le fantôme de l’inégalé «Raging Bull» (1980)… Mais «Fighter» n’en reste pas moins attachant, et c’est avec plaisir qu’on se plonge dans le making-of de 30 minutes et le commentaire audio du réalisateur que proposent les bonus DVD.
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