Nos souvenirs brûlés

A voir mercredi 22 juin à 21h sur TSR 1

Des individus que tout oppose, amis, ennemis ou inconnus réunis par un destin tragique, tel est l’ingrédient de base des films de Susanne Bier depuis «Open Hearts». Confrontés à la mort, à un accident ou à un passé douloureux, les personnages se trouvent aspirés dans une spirale vertigineuse de rivalité, de culpabilité, de violence et de désirs charnels (ou amoureux), qui confèrent à l’œuvre de la cinéaste danoise une charge émotive vibrante. Et souvent dérangeante aussi par son pessimisme résigné – n’oublions pas que Susanne Bier a été élevée à l’école Dogma. Le succès de ses premiers films, et surtout de «Brothers» et «After the Wedding», lui ouvre les portes du royaume californien. Sous la direction du producteur Sam Mendes pour le compte de DreamWorks, elle réalise «Nos souvenirs brûlés», un drame teinté de mélo (Hollywood oblige) réunissant deux détenteurs d’un Oscar: Halle Berry et Benicio Del Toro. L’idylle familiale d’Audrey s’écroule le jour où son mari décède brutalement, victime d’un acte de violence gratuite. Totalement anéantie, Audrey demande alors à Jerry de s’établir chez elle pour la soutenir. Son animosité envers cet ancien meilleur pote de son mari, junkie à ses heures, peine cependant à s’estomper. Dépendants du soutien mutuel, ils ne se séparent pourtant pas. Comment la relation entre ces deux âmes perdues va-t-elle évoluer? Malgré l’intensité du jeu des acteurs, qui restituent à merveille la tension qui règne entre leurs personnages, le propos de Susanne Bier semble quelque peu victime du «lissage hollywoodien». Pour son dernier film «Revenge» qui – ironie du sort – a remporté l’Oscar du meilleur film étranger, la Danoise préfère retourner dans son pays d’origine, pour regagner peut-être une liberté de ton. Œuvre de l’une des plus importantes cinéastes actuelles, «Nos souvenirs brûlés» vaut néanmoins le détour, d’autant plus que le film n’est pas sorti sur nos écrans.

Things We Lost in the Fire
de Suzanne Bier
Etats-Unis / Grande-Bretagne, 2007, 1h58