Toujours à l’affiche, le nouveau film de Woody Allen constitue une comédie incisive doublée d’une réflexion existentielle. Voici donc l’étrange histoire de Gil Pender, un scénariste de Hollywood qui rêve de faire carrière en tant que romancier. Interprété par un Owen Wilson au faciès ahuri délectable, Pender est en visite à Paris avec sa fiancée. Alors qu’il se découvre une profonde nostalgie pour la Ville-lumière et une envie irrésistible de flâner, elle préfère fréquenter un couple d’amis… Ce plot permet au cinéaste de disséminer quelques remarques bien senties, non seulement sur la machine à rêves hollywoodienne, mais aussi sur l’étroitesse d’esprit de certains républicains. Cependant, le réalisateur change tout à coup de registre. Grâce à une trouvaille dramatique aussi simple que prodigieuse, il catapulte son personnage auprès de grands artistes, tels Picasso, Dali et Buñuel. Dès lors, «Minuit à Paris» d’une part fascine, d’autre part donne lieu à une série de gags géniaux, comme quand Pender se fait l’inspirateur de figures incontournables de l’histoire de l’art. Tournant en dérision les spécialistes ès culture et grands bordeaux, Woody Allen se préserve toutefois du film intello. Au-delà de l’ironie, il parvient à distiller une leçon philosophique sur notre incapacité à vivre le présent. Du grand art!
Midnight in Paris
de Woody Allen
Etats-Unis, 2011, 1h34