Huit Femmes

A voir jeudi 20 décembre 2012 à 20h45 sur France 3 |

A la veille de Noël, dans un intérieur bourgeois des années 1950, le maître de maison est découvert assassiné dans sa chambre à coucher, un poignard dans le dos. Le hall de la demeure voit alors défiler le ballet hystérique des «femmes de sa vie» (épouse, amante, belle-mère, fille, ex, gouvernante pour ne citer qu’elles), qui s’accusent mutuellement, rusent, ragotent et se crêpent le chignon.

Huit femmes donc huit meurtres potentiels… autant dire que les rebondissements et revers de situations tiennent en haleine dans cette comédie policière qui rappelle le génie d’Agatha Christie aussi bien que le meilleur du théâtre de boulevard français. D’ailleurs le film est adapté de la pièce éponyme de Robert Thomas, écrite en 1958 et dont le succès populaire n’est plus à faire. La méthode américaine consiste à tester à Broadway les comédies promises à un gros budget hollywoodien.

François Ozon, à qui il ne faut pas le dire deux fois, applique la formule win-win à «Huit femmes» et n’hésite pas à réitérer l’opération avec «Potiche»: un décor vintage (fifties ou seventies), un scénario piqué au théâtre de boulevard, mais aussi (et surtout) une ribambelle de star, dont l’une ou l’autre se fendra bien d’une petite chansonnette en guise de final. Si ces deux films illustrent Ozon face popu – sa filmographique recelant d’œuvres aussi audacieuses qu’inégales, de «Sitcom» à «Ricky» – ils n’en sont pas pour autant dénués de qualité.

Ainsi, le cinéaste ne renie jamais l’origine du scénario, et insuffle à «Huit femmes» une esthétique théâtrale délibérée et bienvenue, tant dans sa direction d’acteur que dans sa manière de filmer l’espace. Combiné à une trame cousue de sensualité et de suspense, l’univers chatoyant élève le film au rang de spectacle irrésistible. On lui pardonne donc volontiers le recours à la formule. Même, on en redemande!

de François Ozon
France, 2002, 1h50