«Pardonnez-nous nos filiations»

Caméra-stylo, programme n°166 |

Pour Passion Cinéma, 2011 ne sera pas une année ordinaire, mais celle de ses vingt ans. En mai 1991, à l’impulsion du Centre culturel neuchâtelois, Frédéric Maire et le soussigné lançaient Passion Cinéma, avec un cycle inaugural consacré au cinéaste danois Carl Theodor Dreyer. Après avoir coupé le cordon ombilical qui le reliait au CCN, Passion Cinéma s’est constituée en association, de manière à pouvoir voler de ses propres ailes. Depuis lors, elle a organisé plus de 180 cycles et autres événements cinématographiques, atteignant un total de quelque 1500 films programmés. Ceux-ci ont tous fait l’objet d’une présentation détaillée dans le journal de Passion Cinéma, l’une des rares publications en Suisse romande à ne traiter que du cinéma d’auteur, constituant un important corpus de textes critiques qui, dès le 12 janvier, seront gratuitement mis à disposition des internautes. Dans le cadre de ses projections, Passion Cinéma a aussi invité plus de 200 cinéastes à venir présenter leurs films à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds…

Vingt ans de passion

Aussi «impressionnante» soit-elle, la statistique reste toujours «bête» lorsqu’il s’agit de traduire la palette d’émotions engendrées par cette double décennie d’agitation cinéphilique. Dans le désordre qui sied à la mémoire sélective, chacun y reconnaîtra les siennes. Comme l’a dit Godard, «la télévision fabrique de l’oubli, le cinéma fabrique des souvenirs». Pour les uns, ce seront la saine cruauté de Fassbinder, le dandysme fulgurant du Portugais Monteiro, la vitalité désespérée de Pasolini, les femmes rêvées de Truffaut, l’humanisme ironique de Kaurismäki. Les autres se souviendront peut-être du bruit assourdissant de Manille dans «Serbis» de Brillante Mendoza, du retournement bouleversant des «Contrebandiers de Moonfleet» de Fritz Lang, de la chanson douce et déchirante de Caetano Veloso dans «Parle avec elle» d’Almodóvar, des rêves sous inanition de «Dodes’ka-den» de Kurosawa… Arrêtons là cette liste qui ne pourra jamais être exhaustive! En vingt ans, les habitudes des cinéphiles se rendant en salles ont aussi évolué. Avec l’essor du DVD, Passion Cinéma a dû délaisser les reprises pour se concentrer sur les films dits fragiles nécessitant un «accompagnement» et les «inédits» ignorés des distributeurs suisses.

Un site de référence

Pour inaugurer cette vingtième année, nous avons redessiné la maquette du journal et complètement revu le site Internet de Passion Cinéma, avec pour ambition d’en faire une référence dans le domaine de l’actualité du cinéma d’art et d’essai (voir les détails en dernière page)… Sont bien évidemment prévus d’autres événements «festifs», tous placés sous le signe du septième art, multiforme, mais toujours vivant et plein d’avenir. Nous vous en dévoilerons les atours dans le prochain journal de Passion Cinéma. Pour terminer, nous nous devons de remercier pour leur engagement toutes les personnes et institutions qui participent ou ont participé à l’aventure, et plus particulièrement, Vital Epelbaum (sans lui rien n’aurait été possible). Nous témoignons aussi toute notre reconnaissance à la Loterie Romande et au Fonds pour l’encouragement de la culture cinématographique du canton de Neuchâtel pour leur précieux et régulier soutien financier. Longue vie à Passion Cinéma!

Vincent Adatte