Winter’s Bone

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Après «Down to the Bone» (2004), dans lequel elle montrait la lutte d’une mère cocaïnomane, la réalisatrice américaine Debra Granik a signé un film mémorable sur une femme qui doit s’en sortir: Ree (Jennifer Lawrence), 17 ans, habite dans le sud du Missouri. Sa mère souffrant de troubles psychologiques, c’est elle qui s’occupe de son petit frère et de sa petite sœur. Fabricant et trafiquant renommé de «crystal meth» (méthamphétamine, une drogue à base de solvants, facile mais dangereuse à produire), son père a disparu dès sa sortie de prison. Hélas, il a laissé la maison en gage de sa libération sous caution. Pour éviter la confiscation, la jeune fille se lance à la recherche de son paternel parmi le voisinage…

Adapté d’un roman de Daniel Woodrell, «Winter’s Bone» est un film hyper réaliste, à la fois critique et respectueux des «hillbillies» («montagnards») de l’Amérique profonde: tourné avec les gens et l’accent du coin, baigné par le folklore country et ancré dans les forêts imposantes des Monts Ozarks, il décrit un quotidien glauque, où tout se discute avec les poings entre des personnes pourtant de même sang, et où la seule échappatoire est de s’engager dans l’armée. Caméra à l’épaule, la réalisatrice y suit son héroïne de près, la confrontant au silence des paumés qui l’entourent et à la violence des rapports humains, si tant est que l’on puisse les qualifier ainsi… Dans la veine d’un «Frozen River» (2008) de Courtney Hunt, «Winter’s Bone» est un véritable film indépendant US qui dénonce l’iniquité et les dégâts liés à la pauvreté et au manque d’éducation, tout en constituant un hommage aux femmes qui résistent.

de Debra Granik
Etats-Unis, 2010, 1h40