A voir vendredi 18 août 2017 à 0h00 sur RTS Un |
Présenté en 2011 à Cannes en compétition, le troisième long-métrage de la réalisatrice britannique Lynne Ramsay avait fait très forte impression sur la critique. Optant pour un récit à la temporalité éclatée, qui convoque le passé dans l’espoir d’éclairer un présent rendu intolérable, la cinéaste recompose et décompose les strates d’un drame atroce, à la fois prévisible et imprévisible.
Eva (Tilda Swinton) a donné le jour à un garçon, mais elle ne parvient pas à l’aimer, tel est son «crime». Des premiers mois à l’adolescence fatidique, l’enfant va lui rendre au centuple cette incapacité, jouant de façon narquoise de ses sphincters, hurlant au point que la mère arrête le landau pile à côté d’un marteau-piqueur tonitruant, histoire de se donner un moment de répit absurde. Plus inquiétant encore, le gamin se comporte comme un ange vis-à-vis de son père qui, jusqu’au dénouement, ne se doutera donc de rien, par bêtise ou gentillesse. Malgré le fait qu’elle arpente par la mémoire l’avant et l’après du désastre, Eva ne parvient pas à s’expliquer ni son comportement, ni celui de son gosse.
Loin des délires horrifiques dont le cinéma fantastique borde trop souvent les enfants criminels, Lynne Ramsay s’en tient à une inquiétante étrangeté, où la couleur rouge prédomine, sans verser nécessairement le sang… Un film subtil et parfaitement déstabilisant!
de Lynne Ramsay
Grande-Bretagne / Etats-Unis, 2011, 1h52
