Un Eté brûlant

La passion selon Garrel

Après l’évocation charnelle de Mai 68 des «Amants réguliers» et l’idylle tourmentée des «Frontières de l’aube», «Un été brûlant» est le troisième film de Philippe Garrel interprété par son fils Louis. Fidèle à un cinéma authentique depuis la Nouvelle Vague, l’auteur poursuit une œuvre passionnante et intimiste, explorant les liens de filiation et les relations amoureuses, jusqu’à leurs ruptures.

Frédéric, un jeune peintre français, vit à Rome avec Adèle, une actrice italienne. Reclus dans un luxueux appartement, ils invitent Paul et Elisabeth, un couple d’amis de Paris, pour l’été. Si les premiers vivent pour leur art et leur amour, les seconds vivotent et essaient de prendre pied dans la réalité…

Evoquant «Le Mépris» de Jean-Luc Godard, «Un été brûlant» débute par un prologue saisissant qui fait apparaître Monica Belluci en vénus sur un lit baigné de bleu, telle Bardot en 1963! Posé sur une voix off, le film poursuit avec une mise en scène marquée par une extraordinaire économie de narration, capable de réfracter le monde, l’Histoire, l’art et la politique, à partir des situations les plus intimes.

Ici, une scène de tournage à Cinecittà met en abyme le septième art tout entier. Là, un plan-séquence sur une musique rock exprime la jalousie dans sa totalité… Car le film prend au final le chemin de la passion destructrice. C’est en ce sens que l’été est brûlant: il mène le couple Bellucci-Garrel à sa propre déréliction. Comme chez Godard, ils s’aiment «tendrement, totalement, tragiquement.»

de Philippe Garrel, avec Monica Bellucci, Louis Garrel, Céline Sallette…
France, 2012, 1h35

à voir à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds