Tout commence

Réalisateur de films documentaires remarquables, comme «Sages femmes», ainsi que de nombreux essais cinématographiques, le réalisateur suisse Frédéric Choffat s’est fait connaître du grand public grâce à des fictions étincelantes, comme «Mangrove», sa dernière en date, tournée dans les eaux opaques et dormantes de la côte Pacifique du Mexique. En 2018, le cinéaste a découvert brutalement l’ampleur de la catastrophe climatique, à la lecture des travaux du GIEC. Interpelé par ses deux enfants activistes, alors âgés de treize et dix-sept ans, il a décidé de se confronter par film interposé à l’avenir fort incertain de notre planète, que nous n’avons eu de cesse d’épuiser.

Suivant ses enfants et leurs ami·es, le cinéaste dresse dans «Tout commence» le portrait d’une jeunesse sans avenir, méprisée par l’Etat, mais qui s’efforce envers et contre tout d’envisager un futur avec les autres, toutes générations confondues. Hélas, cet élan a été stoppé net par l’arrivée du coronavirus et les mesures sanitaires. Qu’importe, la jeunesse n’a désormais pas d’autre choix que de continuer son combat. Choffat nous le montre avec la bonne distance en suivant les réactions des jeunes et de leurs avocates à la suite des différents procès contre leurs actions, chez Crédit Suisse par exemple. Le film pose alors cette question essentielle: si la jeunesse ne peut compter ni sur l’exécutif, ni sur le législatif, ni sur la justice pour espérer changer quoi que ce soit, que va-t-elle faire?

de Frédéric Choffat
Suisse, 2022, 1h32