Tomboy


Après avoir dépeint l’éveil sexuel de trois jeunes filles dans «Naissance des pieuvres» en 2007, Céline Sciamma poursuit son exploration des tâtonnements identitaires à l’heure des premiers émois. L’été de ses dix ans, Laure vient d’emménager dans un nouveau quartier. Liquette ample, short large et cheveux courts, lorsque sa voisine Lisa lui demande son nom, elle répond Mickaël, sans hésitation. C’est le sésame pour des vacances de rêve : jouer au foot avec les garçons, jeter son t-shirt au bord du terrain, cracher parterre… Sans autre complexe, loin du regard de ses parents, Laure/Mickaël déjoue les complications du quotidien, répondra même au premier baiser de Lisa. Parce que les filles et les garçons ne sont pas totalement égaux devant la nature, l’été de Laure prendra subitement un autre tournant. Filmé à hauteur d’enfants, «Tomboy» – littéralement «garçon manqué» – fait preuve d’une direction d’acteurs inégalée. Avec une sensibilité sidérante mais non sans lucidité, la réalisatrice s’attache aux ressentis et aux secrets de son héroïne, dont on perçoit jusqu’aux plus infimes pulsations. Un chef-d’œuvre d’une vivacité saisissante.

de Céline Sciamma
France, 2011, 1h22

à La Chaux-de-Fonds