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A dix-sept ans, Sangaïlé est mal dans sa peau. Androgyne, réservée et têtue, elle passe ses vacances d’été dans une villa au bord d’un grand lac. En rupture avec sa famille bourgeoise, elle flâne aux abords du terrain d’aviation, où l’on s’entraîne à la voltige. Elle aussi aimerait s’enivrer dans les airs, mais elle souffre de vertige. Un jour, Sangaïlé rencontre Austé, une jeune femme douée pour la couture et la photographie…
Originaire de Vilnius, la réalisatrice lituanienne Alanté Kavaïté a réussi un film à la fois sensoriel et délicat. Suivant ses personnages de la piste d’aviation à la page, elle leur attribue les dialogues avec parcimonie. Préférant jouer avec la musique éthérée de JB Dunckel du groupe Air et les visions de Sangaïlé, la cinéaste multiplie les plans vertigineux, du haut des HLM, des centrales électriques ou des avions en plein ciel.
Au tourbillonnement qui en résulte, Kavaïté associe des images de corps fragmentés s’ébattant en pleine nature. Elle parvient ainsi à restituer de manière sensitive les émotions liées à la découverte du sexe et à la quête identitaire. La rareté des dialogues et l’absence de narration classique font place à la plastique et à l’onirisme. Certes, les métaphores sont appuyées, la lumière douce et les effets musicaux modernes rappellent nombre de films indépendants sur l’adolescence, mais Alanté Kavaïté y instille un univers et des décors si singuliers qu’elle parvient à nous emporter dans son tourbillon émotionnel.
de Alanté Kavaïté
Lituanie/France/Pays-bas, 2015, 1h30