Jeudi 12 novembre à 21h05 sur France 3
Ancien animateur de radio au Mexique, Alejandro González Iñárritu a accédé au rang des grands auteurs dès «Amours chiennes», son premier long-métrage, avant d’officier à Hollywood sans perdre sa patte d’auteur et son goût pour les intrigues et les personnages torturés. Primé à Cannes pour «Babel» et «Biutiful», Iñárritu a reçu deux années de suite l’Oscar du meilleur réalisateur pour «Birdman» puis «The Revenant». Tiré en partie du roman homonyme de Michael Punke, lui-même inspiré de l’histoire «vraie» de Hugh Glass, «The Revenant» se déroule en Amérique du nord, dans l’Ouest sauvage de l’an 1823. Débarqués avec chevaux et fusils, les trappeurs français et américains se disputent le commerce de peaux au détriment des Indiens. Glass (Leonardo DiCaprio), qui a emmené avec lui son fils métis issu d’une union avec une femme pawnee, sert de guide aux yankees. Attaqué par un ours, il est laissé pour mort, mais survit envers et contre tout…
Animé par un souci constant de réalisme, Iñárritu a opté pour un parti pris radical en tournant «The Revenant» en lumière et décors naturels. Bien que son personnage survive de façon invraisemblable, le cinéaste sait organiser l’espace, déchaîner une violence terrifiante et relancer l’action pour maintenir le·la spectateur·trice dans son état d’immersion. Certes, en comparaison de ses pairs colonisateurs, le trappeur Glass est étonnamment ouvert à la culture autochtone, mais Iñárritu le remet intelligemment à sa place en questionnant le spectateur par le biais d’un plan final que l’on se gardera bien de dévoiler… Rarement l’histoire fondatrice des Etats-Unis n’aura été démythifiée de façon aussi inconfortable et radicale!
de Alejandro González Iñárritu
Etats-Unis, 2015, 2h36