The End of Time

Locarno 2012, en compétition | Toronto 2012, section «Masters» |
de Peter Mettler |


Après les disparitions des très regrettés Chris Marker, Johan van der Keuken et Robert Kramer, le réalisateur canado-suisse Peter Mettler reste hélas l’un des derniers représentants d’une espèce de cinéastes aussi précieuse que très menacée: l’essayiste. Volontairement, l’auteur de «Tectonic Plate» (1992) et «Picture Light» (1994) ignore jusqu’où ses films vont le mener. Constituant la substance même de son cinéma à nul autre pareil, cette incertitude fait de chacun de ses projets une véritable aventure de la pensée dont le spectateur émerge souvent ébloui, parfois déconcerté et, à tout le moins, enrichi! Après «Gambling, Gods and LSD» (2002), kaléidoscope fascinant de dépenses superbement improductives, le quatrième long-métrage de Peter Mettler médite sur l’idée du temps et surtout la perception que nous en avons. Partant, ce nouvel essai décuple de façon extraordinaire la capacité du septième art à nous «redonner» le sentiment du temps… Commençant sur des images sublimes d’un saut en chute libre effectué en 1960 depuis la stratosphère, que son protagoniste, l’astronaute Joe Kittinger, vécut comme une suspension du temps, «The End of Time» procède ensuite par un jeu vertigineux d’associations libres, qui nous entraîne de l’accélérateur de particules du CERN aux quartiers fantômes de la ville de Detroit dévastée par la crise, en passant par une éruption volcanique à Hawaï… Pétri d’images et de sons inouïs, ce poème cinématographique témoigne avant tout de la vulnérabilité de nos cultures, se concluant de la façon la plus émouvante sur la mémoire très sélective de la vieille mère du cinéaste!
Suisse / Canada, 2012, couleur, 1h49, programme n°178