On aurait aimé que «The Dark Knight Rises», dernier volet de la trilogie du mythe Batman revisité par le cinéaste britannique Christopher Nolan, tienne du chef-d’œuvre, histoire d’oublier tant que se peut cette fusillade meurtrière, dont on ne fera pas endosser la responsabilité à quelque influence pernicieuse du cinéma, mais bien au laxisme des autorités étasuniennes en matière de port d’armes.
Las, cet épisode ultime, s’il ravira les amateurs de péripéties spectaculaires, ne tient guère la route sur le plan du scénario. Manifestement, Nolan ne s’intéresse plus à déconstruire la psyché trouble de son protagoniste capé, déconstruction qui faisait tout le sel des deux épisodes précédents, «Batman Begins» (2006) et «The Dark Knight» (2008), au terme duquel Bruce Wayne (Christian Bale) endossait le meurtre du vilain procureur-adjoint Harvey Dent, pour ne pas ternir l’image de la justice. Après un cambriolage perpétré par la féline Selina Kyle, alias Catwoman (Anne Hathaway), qui lui dérobe ses empreintes digitales, le pauvre Bruce est confronté aux menées du dénommé Bane (Tom Hardy), un terroriste très à la page…
De façon scolaire, le réalisateur du remarquable «Inception» (2010) donne alors à son récit de science-fiction les éléments qui doivent attester de sa contemporanéité. C’est ainsi qu’il assimile Gotham City à New York, métropole désormais corsetée par le «Den Act», lequel s’inspire clairement du «Patriot Act» concocté par les sbires de Bush Junion, au lendemain du 11 septembre 2001. Idem pour le terrorisme qui prend un tour clairement financier… Tout cela n’empêche pas «The Dark Knight Rises» de ressembler plus à un James Bond qu’à un «blockbuster» vertigineusement nietzschéen, comme l’indique d’emblée son prologue et son final parfaitement
de Christopher Nolan
Grande-Bretagne / Etats-Unis, 2012, 2h44
à voir à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel