Premier long-métrage du jeune cinéaste américain Jeff Nichols, dont sortira prochainement sur les écrans «Take Shelter», «Shotgun Stories» constitue une véritable révélation! Comme son titre l’indique, il s’agit bien d’histoires de fusil, mais il faut savoir que le mot «shotgun» signifie aussi «qui s’imbrique», d’où la forme épisodique de ce film dont le laconisme et l’économie d’effets font penser à certains chefs-d’œuvre du cinéma japonais. A travers plusieurs «histoires de fusils de chasse» qui entrent en résonance les unes avec les autres, ce film tourné en deux semaines effectue une subtile déconstruction de la figure classique du héros vengeur, ranimant au plus profond de l’Arkansas (qui n’a guère voté en faveur de Barack Obama) l’antique tragédie des Atrides. L’élément central de cette narration taiseuse et éclatée tient à un traumatisme d’enfance. Trois frères nommés Son Kid et Boy ont été abandonnés par leur père alcoolique. Délaissée, la mère a élevé ses enfants dans le ressentiment, en les rendant responsables de son malheur. Dans l’intervalle, leur père est devenu un Chrétien bien-pensant et a engendré quatre autres fils qui ont eu la chance de se voir octroyer de vrais prénoms! A sa mort, les deux fratries se retrouvent aux funérailles, se regardant en chiens de faïence. Son, l’aîné des trois fils maudits, commet alors le geste de trop: il crache sur la tombe de son géniteur. Blasphématoire pour les uns, libératrice pour les autres, cette provocation entraîne les sept demi-frères dans une spirale de violence meurtrière…
Potemkine films, Agnès b. DVD