Après des films certes un brin dévitalisés, comme «La fille du RER» (2008) ou «L’homme que l’on aimait trop» (2014), André Téchiné livre à septante-trois ans l’un de ses meilleurs films. Avec «Quand on a 17 ans», son vingt-deuxième long-métrage de fiction, il retrouve en effet toute cette verve sèche et âpre, qui a fait de lui l’un des plus grands cinéastes de l’histoire récente du cinéma français!
C’est l’année du bac. Elèves dans le lycée d’une petite ville des Pyrénées, Damien (Kacey Mottet Klein) et Tom (Corentin Fila) se cherchent sans cesse noise, allant jusqu’à se battre de façon plutôt violente! Comme dans les contes, ils diffèrent entre eux du tout au tout. Métis, adopté par un couple d’agriculteurs, vivant dans une ferme sur les hauteurs, Tom parcourt des kilomètres pour se rendre à l’école. Pour Damien, la vie semble plus souriante, encore que… Il habite en ville avec Marianne (Sandrine Kiberlain), sa mère qui est médecin, tandis que son père, militaire de carrière, risque sa vie dans une contrée lointaine.
Pourquoi cette hostilité, cette rivalité? En dévoiler la raison profonde attenterait au plaisir du spectateur… N’en disons pas plus, sinon que le désir et la peur sont à la croisées des chemins de nos deux jeunes protagonistes en bisbille. Bénéficiant de l’expertise de Céline Sciamma, la réalisatrice des excellents «Tomboy» et «Bande de filles», qui a écrit le scénario avec lui, Téchiné a réussi l’exploit de rendre à nouveau vierge le territoire mystérieux de l’adolescence, pourtant constamment labouré par la bêtise des teen-movies «mainstream».
Pour l’acteur suisse Kacey Mottet Klein, «Quand on a 17 ans» va à n’en pas douter constituer un véritable film-référence dans sa carrière naissante mais déjà plutôt fournie. Dans le rôle risqué d’un ado obligé de se confronter à des pulsions qui sont inavouables à son âge, il se révèle simplement prodigieux, tout en énergie rentrée, qui contraste avec l’apparente sérénité de son partenaire… Chapeau bas!
de André Téchiné
France, 2016, 1h54