Petits meurtres entre amis

A voir jeudi 30 juin 2016 à 20h40 sur RTL9 |

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Alex, Juliet et David partagent un appartement à Edimbourg et cherchent le colocataire idéal pour compléter leur joyeuse maisonnée. Pour le dénicher, ils organisent des castings extrêmement sévères et refoulent bon nombre de candidats avant de tomber sur Hugo. Le jour même de son emménagement, celui-ci décède en toute discrétion et n’éveille les soupçons de ses colocataires que tardivement. Près du corps, les trois compères découvrent une valise remplie de billets qu’ils décident de cacher. Pour enterrer toutes les pistes, ils démembrent le corps pour empêcher son identification. Mais les conséquences de leurs actes se révèlent bien plus lourdes que prévues et rapidement, alors que David développe des troubles de stress post-traumatique, deux malfrats viennent s’immiscer dans la maison du bonheur. Les ennuis ne font que commencer.

Pour ce tout premier film, Danny Boyle collabore avec celui qui deviendra quasiment son scénariste attitré, John Hodge. A eux deux, ils élaborent ce bijou d’humour noir qui préfigure le très déjanté «Trainspotting» (1996), film-phare du cinéaste réalisé deux ans après cet excellent premier essai. A la sortie de cette fresque sociale acerbe, John Hodge déclara: «C’est un film punk, il en a l’esprit. Il ne contient pas de musique punk, mais il en a l’énergie autodestructrice.» En effet, si le ton de «Petits meurtres entre amis» est cynique et cruel, à l’image du mouvement contestataire qui semble l’avoir inspiré, il n’en délivre pas moins une morale réfléchie et malicieuse autour du conflit inaltérable qui déchire les hommes lorsqu’il est question de gros sous. On pense alors aux meilleurs films des deux rebelles du cinéma américain indépendant, les frères Coen.

Dans le paysage d’un cinéma britannique ultra réaliste des Ken Loach et autre Mike Newell, Danny Boyle sillonne sa propre route en proposant un film au postulat réaliste, auquel il ajoute une valeur spectaculaire, presque fantastique, qui colle à merveille aux mœurs de la culture pop des années 1990. Aussi les personnages campés par Ewan McGregor, Kerry Fox et Christopher Eccleston sombrent-ils dans une version exacerbée d’eux-mêmes et leur histoire de cohabitation dévie là où on l’attend pas. Ça clash!

Shallow Grave
de Danny Boyle
Grande-Bretagne, 1994, 1h35