Nosferatu

Le réalisateur américain Robert Eggers s’est attaqué au remake d’un monument du film d’épouvante: «Nosferatu le vampire» (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau, dont Werner Herzog avait déjà tiré en 1979 une version jouée par Isabelle Adjani et Klaus Kinski. Librement adapté du roman «Dracula» de Bram Stoker, la version muette de Murnau est considérée à juste titre comme le chef-d’œuvre du cinéma expressionniste allemand – le merveilleux intertitre «Une fois franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre» suscita l’admiration éperdue des surréalistes. Pour Eggers, c’est un rêve (ou devrait-on plutôt écrire un cauchemar) qui se concrétise enfin. Depuis son adolescence, il rêve en effet de «revisiter» le film de Murnau, dont il a déjà tiré une version théâtrale au temps de son école secondaire.

Sur le plan narratif, cet admirateur fou du cinéma muet reste très proche de la trame d’origine. Comme Murnau, il en situe l’action en 1838, en Allemagne. Le jeune Thomas Hütter (Nicholas Hoult) est envoyé par l’agent immobilier Knock (Simon McBurney) conclure une affaire avec un mystérieux comte nommé Orlock (Bill Skarsgård), qui habite un sinistre château en ruines, tapi dans les Carpathes. Fort imprudemment, il laisse derrière lui sa femme Ellen (Lily-Rose Depp), qu’il a confiée aux bons soins de son ami Friedrich Harding (Aaron Taylor-Johnson). Enfermé par cet hôte très singulier, Hütter voit alors celui-ci quitter précipitamment les lieux…

A partir de là, Eggers prend des libertés qui confèrent à sa «revisitation» son inquiétante étrangeté et sa modernité. Reléguant Hütter à l’arrière-plan, le cinéaste focalise son récit sur la relation qui va se nouer entre Ellen et Orlock qui n’est autre que Nosferatu le vampire. Après le départ de son mari, Ellen est tombée dans le coma. La jeune femme en émergera animée par une pulsion a priori irrépressible… Entre emprise et consentement, son cœur fragile va battre la chamade!

de Robert Eggers
Etats-Unis, 2024, 2h12