Actuellement en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger, sacré à Toronto et primé à Locarno, «Monsieur Lazhar» est un film bouleversant qui constitue à la fois un exemple de deuil et une ode à l’innocence perdue. Humoriste et écrivain critique algérien, exilé après avoir été menacé de mort, Mohamed Saïd Fellag y interprète avec un charisme impressionnant le rôle de Bachir Lazhar… Après avoir fui son pays, il débarque dans une école de Montréal et se propose de remplacer une institutrice décédée tragiquement. Malgré le fossé culturel, le nouveau venu parvient à gagner la confiance des enfants traumatisés par la disparition de leur maîtresse.
Réalisé par le Québécois Philippe Falardeau, «Monsieur Lazhar» aborde non seulement les enjeux de l’immigration et de l’intégration, mais surtout ceux du deuil d’une classe d’enfants et d’un maître d’école. En montrant que la cicatrisation et l’acceptation passent par l’acte fondamental de communiquer, et non par la religion ou la morale, Falardeau rend un magnifique hommage à l’enseignement et aux enseignants.
Avec une grande pudeur et une intelligence rare, le cinéaste tire également parti de la cruauté enfantine, ainsi que des différences culturelles et de la candeur de Lazhar, pour examiner la question de la codification des rapports entre enfants et adultes, démontant ainsi les règles qui leur interdisent de se témoigner une quelconque forme d’affection ou de rapprochement. Un film lucide, déchirant et très émouvant!
de Philippe Falardeau
Canada, 2011, 1h34
à voir à Neuchâtel