de Richard Dindo |
avec la voix de Michel Contat
Contrairement à Dürrenmatt, Max Frisch (1911-1991), l’autre «phare» de la littérature suisse du XXe, n’a jamais eu une expérience «directe» du cinéma – même s’il suivait avec beaucoup d’attention la captation cathodique de ses pièces de théâtre. Au début des années quatre-vingt, il ne souscrit pas avec un enthousiasme particulier à la proposition que lui fait Richard Dindo: une «lecture cinématographique» de «Montauk», un récit autobiographique écrit en 1974 où l’écrivain s’essaye à décrire pour la première fois sa vie «telle qu’elle a été»… Pour Dindo, cette «indifférence» n’a rien de problématique, bien au contraire, puisque sa démarche «biographique» implique l’absence «physique» de l’écrivain qui n’est représenté que par ses textes (lus par Michel Contat). Cette absence permet à l’auteur de «Genêt à Chatila» (1999) de confronter le point de vue de Frisch aux témoignages des femmes qui sont les protagonistes essentielles de «Montauk» – Käte, sa première fiancée, la romancière et poétesse Ingeborg Bachman (1926-1973) qui fut sa deuxième femme et, bien sûr, Lynn, la «rencontre» éphémère (un week-end à Long Island) à l’origine de l’écriture de «Montauk»… En résulte un film clef sur l’idée de mémoire (sans doute le chef-d’œuvre de Dindo).
1981, Suisse couleur et noir et blanc; 2h; programme n°97