Maigret

Une jeune femme est retrouvée morte assassinée dans un square parisien. Hormis le fait qu’elle porte une robe de soirée, il n’y a aucun indice qui permette de l’identifier. Plus ému qu’il ne devrait l’être par son anonymat, Maigret va s’efforcer de lui donner une identité, tout en essayant d’élucider le crime.…

Patrice Leconte, cinéaste à la carrière inégale, capable du meilleur («Le mari de la coiffeuse», «Tandem», «Ridicule») et du moins bon («Les spécialistes», «Les bronzés 3», «La guerre des miss») a réussi son coup en extirpant le fameux commissaire du purgatoire télévisuel où il était confiné depuis de trop longues années. Au roman policier de Simenon («Maigret et la jeune morte» paru en 1954), Leconte ajoute certes quelques péripéties dramaturgiques, mais en respecte toute la mythologie, ancrant son propos dans les années 1950, celles de l’après-guerre, poisseuses de culpabilité et de non-dit.

Le réalisateur confère cependant au héros créé par le romancier belge en 1931 une dimension crépusculaire inédite. Son Maigret doute, maugrée, piétine et ahane, au point de de consulter son médecin qui l’enjoint de se passer du tabac et donc de sa célèbre pipe, ce qui a le don d’altérer un brin son humeur! Endossant le pardessus du commissaire, Gérard Depardieu se montre à la hauteur, faisant oublier les performances de ses glorieux prédécesseurs, les Pierre Renoir, Jean Gabin, Jean Richard et autre Bruno Cremer… Excusez du peu!

de Patrice Leconte
France, 2022, 1h28