Madame Bovary

Lundi 14 décembre à 20h50 sur France 5

Paru en 1857, le célèbre roman de Gustave Flaubert a fait l’objet de maintes adaptations cinématographiques signées par de grands noms de l’histoire du cinéma, comme Jean Renoir (1934), Vincente Minnelli (1949), Alexandre Sokourov (1990), Ketan Mehta (1992) ou Manoël de Oliveira (1993). Séduit comme ses pairs par les descriptions «proto-cinématographiques» de l’ouvrage et son ironie féroce exercée à l’encontre de la petite bourgeoisie de province, Claude Chabrol en a proposé sa propre version en 1991. Au bénéfice d’une connaissance très approfondie de l’œuvre, le réalisateur de «La Femme infidèle» s’en est acquitté à la lettre, allant jusqu’à respecter les rythmes mêmes de sa narration!

En jouant la carte de la fidélité, Chabrol propose une lecture très naturaliste qu’il met en plus à l’épreuve de la comparaison en insérant plusieurs fois dans son film des passages originaux du livre lus par François Périer. De tous les Charles Bovary transposés à l’écran, celui de Jean-François Balmer est celui qui incarne au plus près le personnage flaubertien: il faut le voir prononcer l’inoubliable «C’est la faute à la fatalité», après la terrible agonie de sa femme que le cinéaste rend aussi insupportable à voir que dans le roman! Et Jean Yanne n’est pas en reste, composant un Homais encore plus odieux que nature. L’interprétation, impressionnante, d’Isabelle Huppert confère à Emma Bovary une dimension féministe plutôt étrangère à la conception que se faisait sans doute Flaubert de son personnage, provoquant un décalage sans doute voulu par un cinéaste soucieux d’apposer quand bien même sa griffe.

de Claude Chabrol
France, 1991, 2h20