de Andreï Tarkovski |
avec Nikolaï Bourliaev, Valentin Zubkov, V. Malgavina (Macha), Irma Rauch, Andre!i Mikhalkov-Kontchalovski, etc.
Réalisé en 1962, «L’Enfance d’Ivan» constitue le premier long métrage de Tarkovski (alors âgé de 28 ans). Présenté au festival de Venise de la même année (dont il remporta le Lion d’or), ce film suscita bien des louanges et aussi quelques contre-sens: certains rattachèrent son auteur au groupe des cinéastes soviétiques dits «du dégel» — des cinéastes tels que Kozintsev ou Khoutsiev qui, tout en s’accommodant de la commande «patriotique» de rigueur, réhabilitaient la notion d’individu. A la lumière des films postérieurs de Tarkovski, cette appréciation perd de sa pertinence. Certes, le jeune metteur en scène souscrit au scénario du genre «patriotique», mais lui administre un traitement subjectif qui présente déjà les caractéristiques de l’œuvre à venir. Pendant la seconde guerre mondiale, un enfant perd ses parents; animé par l’esprit de vengeance, il devient éclaireur et remplit des missions de plus en plus dangereuses… Un jour il ne revient pas. Dans des paysages de marais où l’eau rappelle sans cesse la figure de la mère manquante, Tarkovski efface les repères historiques, idéologiques: l’héroïsme d’Ivan devient alors monstruosité inhumaine; son enfance ne subsistant seulement que sous la forme de rêves — parmi les plus beaux que l’on ait jamais vus au cinéma!
IVANOVO DESTVO, URSS, 1962, couleur, 1h35; programme n°30
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