Le Genou d’Ahed

Avant cet incroyable «Le Genou d’Ahed», l’Israélien Nadav Lapid a signé trois longs-métrages tous aussi déflagrants qui rendent sa fréquentation absolument indispensable. Alter ego du cinéaste, le dénommé Y. prépare un film sur une jeune militante palestinienne qui a giflé un soldat de Tsahal, s’attirant l’ire détestable de l’extrême-droite déplorant «qu’on ne lui ait pas tiré une balle, au moins dans le genou». Le réalisateur s’octroie une pause en allant présenter l’un de ses films précédents dans un village perdu en plein désert du Néguev.

La chargée de culture qui l’accueille lui demande de cocher les sujets qu’il compte aborder dans un formulaire. Aucun n’est politique! Tout en envoyant des images de paysages à sa mère qui se meurt d’un cancer, Y. tente de faire front à la restriction des libertés qui mine son pays bientôt aussi irrespirable qu’une planète lointaine. Prix du jury à Cannes, «Le Genou d’Ahed» s’inspire d’une situation dont Lapid a fait réellement les frais et retentit comme un immense cri de colère face aux gens de pouvoir «qui n’aiment pas les opinions différentes des leurs». Jamais n’auront été si bien rendues la douleur et le désarroi de se sentir abandonné par le pays qui nous a vu naître. La sidération faite film!

de Nadav Lapid
HA’BERECH, France / Allemagne / Israël, 2021, 1h49