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Cofondateur du studio Ghibli avec son complice Hayao Miyazaki en 1985, Isao Takahata est l’un des plus grands maîtres de l’anime (dessin animé japonais). Réalisateur, producteur, écrivain et enseignant, il s’est fait connaître avec le célèbre «Tombeau des lucioles» (1988), une tragédie sur les bombardements de la ville de Kobe durant la guerre, puis «Pompoko» (1994), une évocation des catastrophes liées à la modernité au Japon. Quinze ans après le fameux «Mes voisins les Yamada», Takahata livre son dixième long-métrage, à l’âge de 78 ans.
Tiré d’une histoire ancestrale qui a bercé des générations de Japonais, «Le conte de la princesse Kaguya» raconte la découverte d’une minuscule princesse dans une souche de bambou. Elevée par des paysans, elle grandit si vite qu’on ne le remarque qu’après coup. D’une beauté éclatante, Kaguya éveille le désir de nombreux prétendants, jusqu’à l’empereur du Japon. Hélas, la princesse est malheureuse chez les humains…
Dessiné à la main, dans un style proche de l’estampe, empli de couleurs pastels, «Le Conte de la princesse Kaguya» frappe d’emblée par son emploi parfois parcimonieux de l’animation proprement dite, au profit de mouvements de caméra dans les dessins. Partant, le film magnifie la nature, ses serpents d’eau et ses cerisiers en fleurs, avec une intensité picturale rare, tout en méditant sur la condition des femmes. Dans un monde où la tradition paysanne s’oppose au progrès bourgeois, Takahata dénonce l’absurdité des codes qui maintiennent depuis des siècles servantes, geishas et concubines dans la négation de leurs aspirations. Un film féministe et romantique d’une beauté sidérante, à l’inverse du cinéma d’animation numérique et hyperactif.
Studio Ghibli