A voir dimanche 7 juin 2015 à 23h00 sur RTS Deux |
Fondant son art sur la conduite du spectateur, via le «calcul des probabilités» des effets de sa mise en scène, Hitchcock est le premier à avoir fait de la relation au spectateur une préoccupation essentielle. Autrement dit, pour l’auteur de «Fenêtre sur cour», le véritable sujet du film c’est la forme, un constat opéré sur un mode toujours ludique (d’où la prégnance du suspense) qui a débouché l’horizon des jeunes générations de cinéastes à venir…
En cinquante-cinq longs-métrages, Alfred Hitchcock (1899-1980) a ainsi créé un cinéma mental d’une modernité inouïe en élaborant une sorte de spectateur virtuel qui constitue le vrai sujet de ses films. C’est pourquoi, selon ses propres mots, il s’intéressait fort peu aux histoires qu’il racontait! Tourné un an après «Sueurs froides», «La Mort aux trousses» constitue dans cette optique un morceau de bravoure cinématographique, qui s’est imposé comme le modèle inégalé de la plupart des films d’espionnage qui lui ont succédé.
Confondu avec un certain George Kaplan, le publicitaire Roger O. Thornhill (Cary Grant) devient bien malgré lui la cible d’un dangereux réseau d’espionnage. Traqué par le dangereux Phillip Vandamm, il échappe de nombreuses fois à la mort avant d’être accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Désormais seul contre le monde, il n’a d’autre choix que de prouver son innocence par ses propres moyens…
A travers ce cauchemar éveillé, Alfred Hitchcock prend un malin plaisir à nous mener par le bout du nez. Le maître du suspense y multiplie les fausses pistes, provoquant chez le spectateur un état de frénésie, qui lui permet de vivre au même rythme que le personnage principal les épreuves rocambolesques qu’il doit surmonter. Outre sa profonde maîtrise scénaristique, «La Mort aux trousses» s’est également imposé comme un exemple du film à grand spectacle, illustré par les scènes mythiques de la course-poursuite au sommet du mont Rushmore et de l’avion pourchassant le pauvre Thornhill au beau milieu d’un champ!
North by Northwest
de Alfred Hitchcock
Etats-Unis, 1959, 2h16