La Flèche brisée

Lundi 22 mars à 20h55 sur Arte

Né en 1904, à San Francisco, disparu en 1977, le cinéaste américain Delmer Daves a commencé comme figurant, avant d’entamer une carrière remarquée de dialoguiste et de scénariste. A ce titre, Daves travaille notamment pour Frank Borzage et Leo McCarey, signant pour ce dernier les deux versions de «Elle et lui» (1939 et 1957). Daves passe à la réalisation en 1943 avec «Destination Tokyo», description très réaliste de la guerre contre le Japon. Après avoir tourné «L’Orgueil des Marines» (1945), qui retrace le sort d’un soldat rendu aveugle par une explosion de retour à la vie civile, il tourne le fameux «Les Passagers de la nuit» (1947) où le couple Lauren Bacall-Humphrey Bogart accède au mythe.

En 1950, Daves réalise «La Flèche brisée», son premier western, écrit sous pseudonyme par Albert Maltz, l’un des «Dix d’Hollywood» blacklistés par McCarthy et ses sbires hystériques. Dans l’histoire du genre, ce film a une grand importance, dans le sens où il est l’un des premiers (avec «La Porte du Diable» d’Anthony Mann) à se situer du côté des Indiens. Il faut savoir qu’à la fin de sa dernière année scolaire, Daves a passé seul toute une année auprès des Navajos Hopi, apprenant leurs mœurs et coutumes.

Ex-éclaireur devenu chercheur d’or, Tom Jeffords (James Stewart) ne supporte plus l’interminable inimitié qui sévit entre les Blancs et les Indiens. Il décide alors d’apprendre la langue, les mœurs, l’histoire et les coutumes des Apaches. Nommé médiateur pour l’armée de l’Union, il s’installe dans la tribu de Cochise et épouse une jeune indienne. Après des journées de palabres, Cochise accepte de briser une flèche censée symboliser un armistice avant un éventuel début de paix avec les hommes blancs… Jeffords en subira toutes les conséquences, la faute à une poignée d’irréductibles.

Avec «La Flèche brisée», Daves rompt avec la tradition hollywoodienne des méchants indiens emplumés et s’attache à décrire des êtres humains, une nation indienne haïe simplement pour avoir été là avant. Dans sa description, il évite tout manichéisme et débusque des fanatiques et des pacifistes dans les deux camps. Ce n’est pas un hasard si la figure noble de Cochise (joué par Jeff Chandler) domine l’entier du film. C’est d’ailleurs grâce à lui que «La Flèche brisée» se termine sur un espoir de paix, rêvé certes…

The Broken Arrow
de Delmer Daves
Etats-Unis, 1950, 1h33