La Dernière Tentation du Christ

Mercredi 16 décembre à 23h25 sur RTS 2

Fervent catholique ayant renoncé à la prêtrise pour le cinéma, Martin Scorsese provoqua l’ire (parfois meurtrière) des fondamentalistes religieux en adaptant un roman controversé de Nikos Kazantzakis dans lequel l’auteur livre une vision «iconoclaste» d’un épisode biblique. Lors d’un voyage dans le désert, Jésus se confronte à sa véritable nature et découvre que Dieu l’a choisi pour sauver l’humanité. Pour accomplir ce dessein divin, il demande à Judas de le dénoncer aux Romains. Alors qu’il est crucifié sur la croix, un ange lui sauve la vie et lui donne la possibilité de mener une existence ordinaire, semblable à celle du commun des mortels. Mais à l’aube de sa mort, sa nature divine se rappelle à lui à travers les mots de Judas.

Accusé d’impiété, Scorsese n’a eu de cesse de rappeler que la nature humaine de Jésus fut discutée dès le concile de Chalcédoine, en 451. Persuadé qu’en racontant l’histoire de Jésus du point de vue de l’homme il parviendrait à réhabiliter cette figure dans le cœur des plus sceptiques, le cinéaste ne mesura pas la fougue réactionnaire des intégristes. Force est de constater qu’une profonde dévotion nourrit «La Dernière Tentation du Christ», que ce soit au niveau de l’accomplissement divin d’un homme face à ses propres démons ou celui de la restitution mimétique de certains passages des évangiles. L’audace de Scorsese se situe moins dans le propos que dans la forme, résultat hybride de prises de vues caractéristique du cinéma américain contemporain et d’une image grandiloquente, à la limite du kitsch, rappelant les grands péplums de l’âge d’or hollywoodien.

The Last Temptation of Christ
de Martin Scorsese
Canada / Etats-Unis, 1988, 2h36