Après Michael Curtiz en 1936, Tony Richardson revient à son tour sur un épisode tragiquement et absurdement célèbre de la Guerre de Crimée: une brigade légère de l’armée britannique charge l’artillerie russe lourdement équipée et se fait décimer. A l’inverse de son prédécesseur américain, le cinéaste anglais signe un drame teinté d’humour et de précisions historiques.
En tournant en dérision le haut commandement de ce corps, composé d’aristocrates qui n’ont aucune connaissance du terrain et envoient leurs hommes se faire hacher dans une vaine tentative de sauver leur honneur, Richardson signe davantage un plaidoyer pour une armée de métier, qui amenuiserait les disparités sociales, qu’un film antimilitariste. Selon la méthode brechtienne de la distanciation, le film est ponctué de cartons animés (par Richard Williams) renseignant sur le contexte historique.
D’abord metteur en scène pour le Royal Court Theatre de Londres et critique de cinéma, Richardon passe derrière la caméra pour devenir un des chantres du Free Cinema anglais dans les années 1960, adaptant des œuvres majeures de la littérature britannique comme «La Solitude du coureur de fond» ou «Tom Jones». Son succès lui vaut une place à Hollywood, ce qui ne manque pas d’aplanir quelque peu son talent artistique malgré quelques grandes productions parmi lesquelles «La Charge de la brigade légère»…
En bonus, visionnez la version muette de 1912 de James Searle Dawley restaurée par le British Film Institute!
Filmedia