Walt (Clint Eastwood) est un vieux réac retraité des usines Ford et hanté par ses souvenirs de la guerre de Corée. Dans une banlieue de Détroit ravagée par le chômage et les gangs, il couve sa voiture – une Gran Torino 1972 – en crachant des injures racistes, avant d’être vénéré par la communauté Hmong de son quartier. Mais à cette situation burlesque succède bientôt une violence qui réclame vengeance… Avec toute l’ambiguïté morale et politique chère à Eastwood-cinéaste, «Gran Torino» procède alors à la déconstruction de la légende du dernier cow-boy d’Hollywood en bafouant la religion et en érigeant en héros la victime plutôt que le justicier solitaire et chrétien. Traitant chaque scène comme si c’était sa dernière, le réalisateur de 79 ans parvient ainsi à faire d’une bagnole un symbole subtile et pluriel: celui de la crise automobile américaine et celui du cinéma qui s’en ira avec lui.
Warner Home Video
Article écrit par Raphaël Chevalley et paru dans les quotidiens L’Express et L’Impartial