En 1984, un graphiste surdoué aux idées noires et freak de cinéma nommé Tim Burton se faisait renvoyer des studios Disney pour avoir réalisé un court-métrage trop incorrect pour l’époque. Devenu l’un de nos plus grands réalisateurs, il prend aujourd’hui sa revanche en tirant du film incriminé un long-métrage d’animation fantastique en noir et blanc, tourné selon la méthode artisanale de l’animation en volume, ou «stop motion».
Victor est un enfant solitaire très doué en sciences. Le jour où son chien Sparky meurt, le jeune garçon est inconsolable. Inspiré par un maître d’école timbré, il parvient à ressusciter Sparky par la foudre. Il tente alors de le cacher, mais ses copains de classe, dont l’affreux Edgar, ont vent de cette prouesse scientifique…
Fidèle à l’original de 1984, «Frankenweenie» constitue une expérience jubilatoire, surtout si l’on compare les deux versions, le court-métrage en prises de vues réelles, et le long-métrage animé image par image. Au récit de base, Tim Burton a eu l’intelligence non seulement d’ajouter un fragment narratif avec les camarades d’école pour satisfaire à la durée, mais surtout de pourvoir d’un supplément de psychologie et d’expressivité tous ses personnages, souvent bizarres ou bossus.
Grâce à une photographie charbonneuse, des marionnettes dont la perfection rivalise avec la 3D la plus sophistiquée, et des décors portant sa «patte» délicieusement gothique, le scénariste et auteur de «L’étrange Noël de Monsieur Jack» (1993) et des «Noces funèbres» (2005) livre une parabole caustique sur les problèmes de sociabilité de l’enfance, tout en rendant un hommage pétri de références au cinéma et de mises en abyme, de «L’arroseur arrosé» des frères Lumière à Godzilla, en passant par Nosferatu.
de Tim Burton
Etats-Unis, 2012, 1h27
à voir à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel