A voir en DVD!
Après «District 9» et ses aliens parqués dans les ghettos du Cap, Neill Blomkamp persiste et signe avec une nouveau film d’anticipation sociale. Enfin de l’action politique! En quelques plans le décor est planté: 2154, la Terre est ravagée par la surpopulation et les épidémies. Les hommes vivent entassés dans des bidonvilles qui ont gagné jusqu’aux sommets des gratte-ciels. Fuyant cette planète-favela, les riches se sont rangés sur Elysium, une station orbitale circulaire géante où ils vivent dans des résidences de luxe bordées de terrains de golf et de grands lacs.
Réalisateur d’origine sud-africaine émigré aux Etats-Unis à l’âge de dix-huit ans, découvert par Peter Jackson, le jeune Neill Blomkamp avait créé l’unanimité avec «District 9» en 2009. Et pour cause! Il avait redonné à la science-fiction une vertu politique oubliée en mettant en scène de façon cinglante et réfléchie la ségrégation raciale et les camps de réfugiés. Certes réchauffé et moins ironique, «Elysium» poursuit dans cette veine grâce à un scénario finaud qui raconte l’histoire de Max (Matt Damon), un ouvrier qui travail à la chaîne dans une usine de robots-policiers dirigée par un patron véreux (William Fichtner) et servant à maintenir l’ordre sur Terre pour le compte de dirigeants corrompus. Las, Max souffre d’une irradiation mortelle. Comme tous les déclassés malades, il doit trouver le moyen d’embarquer pour Elysium, où il est possible de guérir toutes les maladies…
De la tyrannie des machines à la misère des bidonvilles, en passant par la santé à deux vitesses, les sans-papiers, le nucléaire et les coups d’Etat politiques, Blomkamp touche à toutes les catastrophes sociales de notre ère. Dès lors, le blockbuster annoncé prend un tour allégorique d’autant plus tranchant que le film se pare de violence et évite les écueils du justicier moraliste et de la romance à l’eau de rose. Caméra à l’épaule, le cinéaste vise un rendu esthétique froid et clinique, où son sens assuré de la rupture fait alterner des scènes d’action frénétiques autour d’un héros fébrile bardé de métal, et des retours aux calmes lyriques suivant les navettes spatiales de migrants illégaux.
Grâce à une portée politique digne du «Metropolis» de Fritz Lang ou de «Soleil vert» de Richard Fleischer, doublée d’un réalisme post-apocalyptique rappelant «La Route» de John Hillcoat et de respirations dans l’espace évoquant inévitablement «2001, l’odyssée de l’espace» de Stanley Kubrick, «Elysium» constitue donc un excellent antidote aux superproductions SF infantiles qui débarquent régulièrement sur les écrans.
Sony Pictures Entertainment