Conte d’automne

A voir mardi 5 novembre 2013 à 14h sur TV5 Monde |

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Eric Rohmer (1920-2010) est un grand cinéaste à la discrétion trompeuse. Passant à tort pour un classique, ce qui ne l’a pas gêné le moins du monde, ce Corrézien, né Jean-Marie Schérer en 1920 à Tulle, aura fait preuve d’une insolence créative sans pareille, tout au long d’une carrière d’une longévité exceptionnelle. Professeur de lettres se destinant en premier lieu à la littérature, Rohmer aborde le cinéma en animant un ciné-club du Quartier Latin à Paris, fréquenté par de jeunes trublions qui ont pour noms Claude Chabrol, François Truffaut et Jean-Luc Godard. Avec eux, il fomente le soulèvement de la Nouvelle Vague, à la fois comme critique à la revue des Cahiers du cinéma et réalisateur.

Dès 1950, Rohmer tourne son tout premier film, ce qui fait de lui le pionnier du mouvement. Abandonnant son poste de rédacteur en chef des Cahiers en 1963, il se consacre dès lors au seul cinéma. Optant pour des petits budgets pour conserver toute sa liberté d’auteur, ce janséniste frondeur va se révéler prolifique, signant une cinquantaine de titres, dont vingt-six long-métrages. Son œuvre se décline en cycles, à commencer par celui des «Contes moraux», dont le sixième, «Ma nuit chez Maud» (1969) lui vaut son premier succès public.

Quatrième et dernier volet du cycle des «Contes des quatre saisons» qui philosophe sur les sentiments amoureux et amicaux, «Conte d’automne» raconte l’histoire de Magali, veuve quadragénaire qui vit dans une grande solitude dans sa campagne drômoise. Deux de ses amies tentent, par différents procédés, de trouver chaussure à son pied. Elle rencontre alors Gérald…

Le temps est à l’automne et les jeunes femmes en mal d’amour ont fait place à des femmes mûres et sûres d’elles. Comme les feuilles qui tombent tranquillement des arbres, l’amour s’insinue à petit pas dans la vie d’une femme qui pensait que ce bonheur-là était derrière elle. Personnages d’intellectuels, dialogues soutenus, diction impeccable… tous les marqueurs de la signature si caractéristique de Rohmer restent présents et proclament, une nouvelle fois, la parole en tant que reine du cadre. Mais cette parole est arrivée à maturité. Au constat léger des tribulations sentimentales des jeunes adultes, Rohmer substitue un regard plus grave mais certainement plus serein.

de Eric Rohmer
France, 1998, 1h50