Chantrapas

Cannes 2010, projection spéciale
de Otar Iosseliani |
avec Dato Tarielashvili, Tamuna Karumidze, Fanny Gonin, Pierre Etaix, Bulle Ogier, etc.



Né en 1934 à Tbilissi, Otar Iosseliani est sans conteste l’un des plus grands cinéastes de l’histoire récente du cinéma. Doté d’un sens de l’observation aigu, empli d’un profond attachement à la vie et aux relations humaines, Iosseliani commence par réaliser dans sa Géorgie natale trois longs-métrages dont la merveilleuse liberté de ton va le contraindre à l’exil. Installé à Paris, le Géorgien continue à tourner, en persistant à «parler des choses graves en souriant», avec des chefs-d’œuvre d’une drôlerie subtile comme «Les Favoris de la lune» (1984), «Et la lumière fut…» (1989), «La Chasse aux papillons» (1992), «Adieu, plancher des vaches» (1998) ou «Lundi matin» (2002), dans lesquels il rit de cette vie moderne «dont aucun sauvage n’aurait voulu», se vouant à filmer des «tableaux» qu’il donne à contempler au spectateur, en lui laissant tout le temps du regard. Epris de nuances, Iosseliani déteste le gros plan ostentatoire, juge le champ-contrechamp «honteux» et les dialogues inutiles, sinon comme musique… Il faut considérer son onzième long-métrage comme une «presque autobiographie». On y découvre Nicolas, jeune cinéaste qui s’efforce tranquillement de ne pas céder, œuvrant dans une atmosphère de fin de règne, celle de l’empire soviétique et de son cinéma. Gestes, habitudes, élans, à cette époque, rien ne fut aussi simple qu’on ne le croit. Et Iosseliani de nous le rappeler avec ce sourire imperceptible qui fait tout le prix de son œuvre!
France / Géorgie, 2010, couleur, 2h02, programme n°165