Barry Lyndon

de Stanley Kubrick |
avec Ryan O’Neal, Marisa Berenson, Patrick McGee, Hardy Krüger, etc.

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      L’Irlande, au XVIIIe siècle. A la mort de son père, Redmond Barry est élevé par sa mère. Amoureux de sa cousine, Nora, il provoque en duel son soupirant et croit l’avoir tué. Il s’engage alors dans l’armée et participe à la guerre de Sept ans. Apprenant que son rival a simulé sa mort de façon à épouser Nora, Barry déserte. Il passe momentanément au service d’un capitaine prussien, puis rencontre à une table de jeu la comtesse Lady Lyndon qui, après la mort de son mari, l’épouse et lui donne son nom. De la sorte, Barry espère accéder au pouvoir et à la noblesse; mais son rêve sera de courte durée… le reste de sa vie ne sera que défaites et déchéance.
      Cette admirable reconstitution historique, adaptée d’un roman de William Makepeace Thackeray, décrit la société du siècle dit des Lumières, et confronte l’humanisme de ces idées à une réalité violente que son idéologie «raisonnable» voudrait pourtant refouler. Sur le champ de bataille, par exemple, les soldats mis en scène par Kubrick apparaissent comme de vulgaires jouets qui tombent sous les balles ennemies. Il y a ainsi dans Barry Lyndon une dimension ironique que peu de critiques ont décelé: le roman de Thackeray était déjà un pastiche du roman réaliste en vogue une quarantaine d’années auparavant; et le film de Kubrick n’a fait qu’amplifier, sublimer même cette ironie tragique sur un monde en proie à la folie des codes et des rituels, de la guerre et du pouvoir; un monde où les hommes finissent toujours par se retrouver égaux (comme le voulaient les philosophes des Lumières), mais dans la mort…

      Grande-Bretagne, 1975, couleur, 3h07; programme n°23