A voir vendredi 1er janvier 2016 à 13h50 sur France 3 |
Film de producteur, «Autant en emporte le vent» a longtemps constitué le modèle canonique de la production hollywoodienne, au point de devenir un véritable mythe, au-delà de toute appréciation critique. Réputé pour sa mégalomanie et son flair, le nabab David O’Selznick, qui en est le véritable auteur par personnes interposées, a épuisé trois cinéastes, Georges Cukor, Victor Fleming et Sam Wood. Ces derniers tournèrent à eux trois près de quatre-vingt-huit heures de film, dont seulement un tiers fut tiré.
Une quinzaine de scénariste (dont Scott Fitzgerald) travaillèrent à l’adaptation du livre de Margaret Mitchell. O’Selznick fit passer des castings au gotha des stars hollywoodiennes avant de jeter son dévolu sur Clark Gable (Rhett Butler), Olivia de Havilland (Melanie Hamilton) et Vivien Leigh (Scarlett O’Hara), bien que celle-ci était anglaise. Sur le tournage, les intrigues se multiplièrent. C’est ainsi que Gable s’ingénia à provoquer la «démission» de Cukor, estimant que ce «woman’s director» privilégiait par trop ses comparses féminines dans son découpage.
Revu aujourd’hui, «Autant en emporte le vent» apparaît plus comme un roman-photo qui traîne un peu en longueur, une sorte de matrice des futur soap-opéras de la télévision américaine (genre «Dallas» ou Dynastie»), dont certains relents politiques picotent les narines cinéphiles (les esclaves noirs y sont très heureux et une organisation cagoulée y est un brin célébré).
Sont quand même passés à la postérité un usage baroque du Technicolor qui fait flamboyer le film et la robe rouge de Scarlett, une fin ouverte dont les répliques sont devenus légendaires et plusieurs scènes d’anthologie (le célèbre mouvement de recul quand Scarlet secourt les blessés sudistes)… Pour ces quelques moments, on se laisse encore emporter!
Gone with the Wind
de Victor Fleming
Etats-Unis, 1939, 3h42