Mank

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Au bénéfice d’un contrat d’exclusivité le liant avec la plateforme Netflix pour laquelle il a déjà conçu la série «Mindhunter», David Fincher («Seven», «Fight Club», «Zodiac») évoque avec «Mank» la genèse de «Citizen Kane» (1941) d’Orson Welles. Il y réussit de façon remarquable en se focalisant sur le scénariste méconnu de ce chef-d’œuvre, Herman J. Mankiewicz, surnommé «Mank» et frère aîné du cinéaste Joseph L. Mankiewicz, qui à en croire l’historienne et critique du cinéma Pauline Kael, a écrit seul le scénario avant qu’il n’en soit spolié… Fincher débute son film par l’installation de Mank dans un ranch appartenant à la RKO, l’une des majors hollywoodiennes les plus créatives du moment. Confiné dans ce lieu isolé, une jambe dans le plâtre suite à un accident de voiture, le scénariste est mis sous pression par ses commanditaires qui lui imposent des délais impossibles à tenir. Il va en perdre la santé, au fur et à mesure de son travail de scribe.

Alternant de façon virtuose les séquences où Mank s’épuise (et s’alcoolise) à écrire, et des flash-backs dardant une lumière très crue sur l’establishment hollywoodien, David Fincher raconte à la fois l’éclipse progressive du scénariste et la mise en place fascinante de la production de l’une des œuvres clefs de l’histoire du cinéma moderne. Il nous entraîne au cœur du système dit des studios, aux mains de magnats financiers aux pouvoirs illimités, tel le milliardaire W. R. Hearst, dont Mank s’inspira, peut-être par dépit, pour dépeindre le citoyen Kane. Si Fincher accrédite la thèse de Pauline Kael en montrant combien son protagoniste dut se battre pour que son nom figure au générique, il ne renie pas pour autant son admiration pour Welles.

de David Fincher
Etats-Unis, 2020, 2h11