Vivre ensemble?

Programme n°232 |

Du 13 novembre au 24 décembre, Passion Cinéma présente un cycle de films inédits qui interrogent l’individu lorsqu’il fait face à la pression sociale des groupes, communautés ou corporations. Au programme: pas moins de onze long-métrages, dont l’avant-première de «Proxima» proposée en présence de sa réalisatrice Alice Winocour!

Vivre ensemble?

Pour son dernier cycle de l’année, Passion Cinéma a rassemblé onze films inédits sous l’intitulé «Vivre ensemble?». Le lecteur ou la lectrice attentive remarquera aussitôt le point d’interrogation qui lui a été accolé et sème déjà le doute: forcés à coexister un tant soit peu, en serons-nous un jour vraiment capables, au sens le plus altruiste du terme? En lui accordant récemment une valeur de substantif, parfois affublé, ô horreur, d’un trait d’union, nos rhétoriciens contemporains en ont déjà fait un néologisme publicitaire stupidement consensuel, une jolie coquille vide de sens où, de temps à autre, il fait si bon se lover.

Veiller au grain

Par chance, le (bon) cinéma est encore là pour veiller au grain, propageant un trouble salvateur qui fait un sort très bénéfique à tout idéalisme un peu trop complaisant. Si l’on s’amusait à répertorier tous les plans d’ensemble de l’histoire du septième art, l’on serait sans doute très surpris: la plupart d’entre eux insinuent en effet plus un sentiment de profonde solitude que la sensation ô combien revigorante du «vivre-ensemble», sensation galvanisante que l’on retrouve, comme c’est étrange, dans la plupart des films de propagande d’hier comme d’aujourd’hui.

Des états à la traîne

De façon générale, les films, quand ils sont le fait de véritables auteurs et autrices, expriment toute la difficulté de vivre en société, comme on disait autrefois. Les titres proposés par Passion Cinéma n’y font pas exception! Confrontés au dévoiement sectaire des «Eblouis», à l’antisémitisme grégaire de «J’accuse», à l’impuissance du pouvoir à juguler le désespoir des «Misérables» du jour, ou au constat de faillite sociale établi une fois de plus par l’indispensable Guédiguian dans «Gloria mundi», nous autres, spectateurs et spectatrices, aurons vraiment tout loisir de nous interroger.

Vincent Adatte