D’origine mexicaine et guatémaltèque, Julio Hernández Cordón élabore une filmographie ancrée dans la réalité violente et précaire de l’Amérique centrale. Pour autant, ses films n’empêchent ni la magie ni la poésie. Après «Las marimbas de infierno», l’histoire d’un musicien toxicomane de Guatemala City, il nous revient avec «Cómprame un Revólver», dont la sortie en Suisse romande fait suite à un Prix gagné lors de la dernière édition du Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF).
Distingué par un jury formé de plusieurs exploitants et exploitantes de salles, le nouveau film de Cordón raconte un Mexique délétère aux mains des cartels, où les femmes ont disparu et où les petites filles sont donc les proies préférées des kidnappeurs. Obligée de porter un masque pour cacher qu’elle est une fille, Huck vit avec son père accro au crack sur un terrain de baseball abandonné où, certains soirs, les narcos organisent des matchs sous haute surveillance…
Alliant l’ambiance du western à la dystopie, «Cómprame un Revólver» (littéralement «Achète-moi un revolver») situe son récit à hauteur d’enfant, un parti-pris qui permet au cinéaste de libérer la réalité de son misérabilisme de façade et d’exalter la capacité de survie de sa jeune héroïne, alors que tout semble anéanti par les adultes corrompus. En résulte un film saisissant sur l’engrenage de la violence au Mexique, qui rappelle à la fois «Les bêtes du sud sauvage» et «Sa majesté des mouches».
de Julio Hernández Cordón
Mexique/Colombie, 2018, 1h24