Plaire, aimer et courir vite

Présenté en compétition à Cannes, le onzième long-métrage du cinéaste français Christophe Honoré souffrait d’un sérieux handicap avant même sa projection, celui de venir après l’intense «120 battements par minutes» de Robin Campillo, ovationné à juste titre l’an passé sur la Croisette et futur multi-césarisé. De fait, il vaut vraiment la peine de dépasser ce préjugé, tant «Plaire, aimer et courir vite» se révèle à la fois complémentaire au film de Campillo et pourtant totalement autre dans sa manière bouleversante d’enlacer, avec une grâce infinie, éducation sentimentale et ultime amour au temps des années sida.

Proche de la quarantaine, Jacques (Pierre Deladonchamps) est un écrivain qui peine à écrire son nouveau roman. Il élève un fils qu’il a conçu avec une amie et papillonne dans les boîtes gays, quand il ne s’épanche pas chez Mathieu (Denis Podalydès), son voisin du dessus, qui le réconforte quand il le faut. Invité à Rennes où on joue une de ses pièces, Jacques s’échappe dans le cinéma voisin où est projetée «La leçon de piano» de Jane Campion. C’est là qu’il fait la connaissance d’Arthur (Vincent Lacoste), bien plus jeune que lui, qui aura le don de dénuder ses sentiments au plus profond…

Loin d’apparaître comme un devoir mémoriel de plus sur le sida, «Plaire, aimer et courir vite» est surtout un grand film d’amour, mélodrame bouleversant qui nous consume de mélancolie, porté par des comédiens hors pair. Il mérite d’être découvert, ne serait-ce que pour une scène de bain, incroyable de pudeur et de justesse!

de Christophe Honoré
France, 2018, 2h12