La Belle Equipe

A voir lundi 17 octobre 2016 à 20h50 sur Arte |

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Cinéaste oublié à redécouvrir, Julien Duvivier (1896-1967) a laissé une œuvre abondante derrière lui (soixante-huit longs-métrages) constituée, entre autres, de remarquables adaptations de Georges Simenon. Pessimiste et tourmenté, Duvivier a connu son apogée durant les années trente, signant quelques-uns de ses films-clefs, reflets d’une période très particulière de l’histoire de France, avec «Poil de Carotte» (1932), «La Tête d’un homme» (1933), «Pépé le Moko» (1935), «Un Carnet de bal» (1937).

C’est dans ce contexte que Duvivier tourne «La Belle Equipe» en 1936, un film noir où cinq chômeurs gagnent ensemble dix mille francs à la loterie. Au lieu de les partager, ils décident de retaper ensemble une maison en ruine à Joinville, pour en faire une guinguette au bord de l’eau. Las, le groupe se désagrège au fil des travaux. Il restera bientôt plus que Jean (Jean Gabin) et Charles (Charles Vanel), mais la charmante Gina (Viviane Romance) les monte l’un contre l’autre…

Loin de s’attarder à donner un exemple de collaboration mutuelle œuvrant à la construction d’un monde meilleur selon l’idéologie du Front populaire (la coalition des partis de gauche qui gouverna la France de 1936 à 1938), et même si c’est sans doute avec ce film que Gabin devint le héros des classes ouvrières, Duvivier démontre que la fraternité joyeuse des années trente n’est qu’une illusion en racontant l’histoire d’une déception douloureuse et fatale. Les deux fins différentes du film sont à ce titre révélatrices: dans la première version, les deux hommes finissaient mal, mais sous la pression du producteur, le réalisateur en tourna une seconde, beaucoup plus optimiste! Reste à savoir quelle version la télévision a choisie pour nous…

de Julien Duvivier
France, 1936, 1h35