A voir mardi 24 mai 2016 à 22h45 sur RTS Deux |
Australien ayant jadis réussi à s’imposer aux Etats-Unis, le cinéaste Peter Weir n’avait plus tourné de film depuis «Master et Commander» (2003). Peu enclin à accepter les pratiques invasives du «Nouvel Hollywood», le réalisateur sexagénaire de «Witness» (1985) et du «Cercle des poètes disparus (1989) s’est résolu à produire lui-même «Les chemins de la liberté» («The Way Back»). Tiré d’un fait authentique, son treizième long-métrage retrace la cavale insensée de six hommes échappés d’un goulag sibérien en 1940. Proche du récit relaté en 1956 par l’un des évadés, l’officier de cavalerie polonais Slawomir Rawicz, le cinéaste raconte cette «épopée» avec une rare sobriété, éliminant volontairement toutes les scènes susceptibles d’être spectaculaires, jusqu’à faire l’impasse sur la scène d’évasion proprement dite.
Dans des conditions souvent épouvantables, les fuyards, dont trois ne survivront pas à l’épreuve, vont parcourir près de 10’000 kilomètres à pied, tenaillés par le froid, la faim, la peur et les ampoules. Pour échapper aux Soviétiques et aux Nazis, ils devront emprunter un itinéraire inédit, via le désert de Gobi et le Tibet, avant de franchir l’Himalaya, pour se réfugier en Inde, pays relativement épargné par la guerre.
Sans effets de manche, Weir décrit le sentiment de fraternité qui se développe peu à peu entre les rescapés qui voient dans leur survie obstinée l’unique moyen de témoigner contre l’innommable. L’entreprise serait donc très honorable, n’était-ce la distribution qui fait la part trop belle aux acteurs anglo-saxons, alors que les protagonistes sont de nationalités très diverses (polonaise, lituanienne, yougoslave, américaine…), la palme revenant à Colin Farrell qui «surjoue» un criminel de droit commun comme dans un western-spaghetti! Autre travers, la présence envahissante des «beaux» paysages, sans doute due à la coproduction avec le magazine National Geographic!
The Way Back
de Peter Weir
Etats-Unis, Emirats arabes unis, Pologne, 2010, 2h14