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Faux polar à la fascination insidieuse, «The Most Violent Year» confirme tout le talent du réalisateur américain J.C. Chandor. Situé en 1981, l’année la pire qu’a connu New York en matière de violence, son troisième long-métrage porte à une sourde incandescence les promesses que recelaient «Margin Call», thriller économique dénonçant les banques fomenteuses de la crise, et «All Is Lost», film de survie taiseux où Robert Redford s’efforçait de survivre au naufrage de son voilier endommagé par un container.
Entrepreneur new-yorkais totalement voué à un rêve de réussite très américain, Abel Morales (Oscar Isaac) vend du fioul domestique aux habitants des banlieues middle-class de la Grande Pomme. Las, des malandrins s’attaquent en plein jour à ses transporteurs. Marié à Anna (Jessica Chastain), la fille de l’ex-propriétaire de son entreprise, un Irlandais aux méthodes expéditives, Abel se refuse à adopter la manière forte que lui conseille aussi son avocat. Et la police ne l’aide guère, le soupçonnant de malversation…
Arborant en permanence un pardessus de poil de chameau, qui fait figure de symbole de sa réussite, notre protagoniste pourrait passer pour un homme intègre, soucieux de ne jamais surseoir à ses principes. Il n’en n’est rien, ainsi que le dévoile un final qui tombe comme un couperet amer, faisant d’Abel un calculateur ignoble, annonciateur du néo-libéralisme ravageur cher à Ronald Reagan, lequel boucle alors la première année de son mandat présidentiel.
Outre qu’il s’appuie sur une distribution remarquable, Chandor met en scène la violence avec une rare intelligence, en lui conférant ni éclat, ni aura. Un grand film aux allures de fable prophétique, à découvrir sans tarder!
Ascot Elite