A voir jeudi 7 mai 2015 à 01h35 sur Arte |
D’origine viennoise, l’Américain Billy Wilder (1906-2002) n’est pas le cinéaste d’une seule scène, certes mythique (la robe de Marilyn soulevée par l’air d’une bouche d’aération du métro bien placée dans «Sept ans de réflexion»), bien loin de là! Observateur attentif des hypocrisies ordinaires, Wilder a réalisé quelques-uns des joyaux de la comédie américaine d’après-guerre ainsi qu’un chef-d’œuvre du film noir, «Assurance sur la mort» (1944).
Né à Sucha (une ville polonaise alors austro-hongroise), Billy Wilder (1906-2002) a commencé par faire du journalisme. Le futur réalisateur de «Boulevard du Crépuscule» (1950) travaille ainsi pour un journal viennois où il est commis au sport et aux faits divers. Il y rédige également des critiques de cinéma. S’installant à Berlin, Billy (qui doit ce diminutif à sa mère qui adorait les Etats-Unis) gagne sa vie comme gigolo dans un hôte de luxe. Entre deux pas de danse mondaine, il écrit des romans-feuilletons pour un tabloïd berlinois. Alors que le cinéma muet allemand vit ses grandes heures, il œuvre aussi comme nègre pour des scénaristes surchargés de travail.
Crédité au générique du film collectif «Les Hommes le dimanche» (1930) de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer, manifeste du courant dit de «la nouvelle objectivité» qui prétend faire retour au réalisme, histoire de se guérir des excès (sublimes) de l’expressionnisme, Wilder est engagé comme scénariste par la Universum Film où il collabore à l’écriture du scénario du film pour enfants «Emile et les détectives» (1931) de Gerhard Lamprecht. Hélas pour lui, Adolf Hitler prend alors le pouvoir. Du fait de ses origines juives, Wilder préfère s’exiler en France où il peut faire des débuts de réalisateur avec «Mauvaise graine» (1934) qu’il coréalise avec le cinéaste d’origine hongroise Alexander Esway. Wilder passe ensuite aux Etats-Unis où il travaille comme scénariste, avant de réaliser nombre de chefs-d’œuvre.
Après nombre de succès marquants, tels «Boulevard du Crépuscule» (1950), les films de Wilder sont adulés aux Etats-Unis comme en Europe. Cependant, le cinéaste connaîtra une fin de carrière difficile. Rejeté par Hollywood, il se fait de plus en plus rare. Avec «Spéciale première», l’un de ses derniers films, Wilder reprend à sa façon un vieux succès tiré d’une pièce de théâtre de Charles Mac Arthur et Ben Hecht déjà adaptée par deux fois au cinéma (par Lewis Milestone et Howard Hawks)… Chicago, juin 1929. Condamné à la pendaison pour le meurtre d’un policier, Earl Williams parvient à s’évader le jour où des journalistes avides de scoops réalisent qu’il est innocent… Démasquant ainsi les travers de la presse à sensation, Wilder réalise une comédie noire portée par d’excellents acteurs et actrices, dont Susan Sarandon. Caustique et efficace!
The Front Page
de Billy Wilder
Etats-Unis, 1974, 1h45