A voir lundi 13 juillet 2015 à 0h00 sur TV5 Europe |
A nonante ans, le cinéaste français Alain Resnais avait reçu en 2009 à Cannes un «Prix exceptionnel pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution à l’histoire du cinéma». Ce n’est que justice en regard du génie singulier qui caractérise l’œuvre du réalisateur de «Hiroshima mon amour» (1959). En 1968, le cinéaste réalise un scénario très ambitieux qu’il a mis cinq ans à écrire avec l’écrivain Jacques Sternberg, grand spécialiste de l’écriture très brève. Autour du thème du voyage dans le temps, le cinéaste raconte l’histoire de Claude Ridder (Claude Rich) qui, ayant raté son suicide, se voit proposer par une équipe de scientifiques de participer à une expérience jamais testée sur l’homme. Grâce à une drôle de machine, Claude devrait pouvoir revivre une minute de son passé. Or la machine se déglingue et le voilà prisonnier des épisodes très aléatoires de son passé…
A l’instar de «Hiroshima, mon amour» ou «L’Année dernière à Marienbad», «Je t’aime, je t’aime» sort complètement des schémas narratifs classiques. Né des segments très brefs qu’écrivaient Jacques Sternberg, le film a naturellement pris la forme d’un récit fragmenté (lié cependant par le surgissement constant d’une histoire d’amour déclinante), qui sert de cadre idéal aux différents séjours rétrospectifs effectués par le personnage principal. En lice pour la Palme d’or, le film ne fut jamais projeté en raison des événements de Mai 68 et ne sortit que bien plus tard, dans une malheureuse indifférence. Il reste pourtant un monument de poésie mêlée de nostalgie, de surréalisme et de romance, constituant par là l’un des chefs-d’œuvre d’Alain Resnais, considéré à juste titre comme le cinéaste de la mémoire.
de Alain Resnais
France, 1968, 1h31