Nanouk l’Esquimau

A voir lundi 1er décembre 2014 à 01h05 sur Arte |

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Né en 1884 à Iron Mountain, dans le Michigan, Robert J. Flaherty a réalisé une dizaine de longs-métrages entre 1920 et 1948. Les films qu’il a tournés lui ressemblent. Il les a vraiment vécus, dans tous les sens du terme, et fut conforme à ce personnage impavide d’Irlandais à l’esprit et au corps toujours en éveil, tour à tour trappeur, pionnier, prospecteur et, enfin, cinéaste.

Homme d’action et de sagesse voué aux espaces vierges, Flaherty met sur pied entre 1910 et 1916 cinq expéditions vers la Terre de Baffin, dans l’Arctique canadien où il (re)découvre les îles Belcher (l’une d’entre elles porte désormais son nom). Flaherty tient le journal de ses pérégrinations et filme déjà en amateur la vie des esquimaux. A la fin de la Première Guerre mondiale, la firme française des fourrures Revillon accepte le projet d’un film sur le Grand Nord. Présenté au public en 1922, «Nanouk l’Esquimau» connaît un succès retentissant (c’est depuis lors que l’on vend des glaces à l’entracte) et invente le genre documentaire.

Le film décrit les travaux et les jours de Nanouk l’Esquimau et de sa famille, qui vit au nord-est de la baie d’Hudson (Canada). La chasse et la pêche constituent ses activités vitales. Le domaine de chasse de Nanouk s’étend sur un territoire presque aussi grand que l’Angleterre. Aussi l’Inuit mène-t-il une vie errante, en compagnie de ses chiens de traîneau, sa seule vraie richesse. Chaque année, au comptoir, Nanouk négocie et échange le produit de ses chasses avant de repartir vers une vie où chaque jour et même chaque heure nécessitent un immense courage…

Chez Flaherty, la vision du cinéaste et son emprise sur la matière qu’il filme comptent autant que la réalité traitée. Pour exprimer sa vision, le cinéaste utilise tous les procédés du cinéma de fiction: découpage, direction d’acteurs, construction dramatique, reconstitution d’événements avec ce que cela implique de trucage et de fabrication.

A travers la survie de Nanouk et de sa famille, Flaherty a voulu faire l’apologie de l’homme, incarné ici en un peuple et une race qui l’ont fasciné. Il recrée leur mode de vie, non pas tel qu’il était exactement en 1920, mais tel qu’il s’était prolongé jusque-là depuis l’aube des temps, et le fixe pour l’éternité, quitte à en bannir certains aspects trop modernes, comme, par exemple, les fusils et les outils de métal déjà en usage à cette époque.

Nanook of the North
de Robert J. Flaherty
France / Etats-Unis, 1922, 1h10