A voir jeudi 5 novembre 2015 à 13h35 sur Arte |
Au début du siècle, le bel avocat Newland Archer (Daniel Day Lewis) est déchiré entre la femme qu’il doit épouser, la jeune et jolie fille de bonne famille May (Wynona Rider), et celle qu’il aime (ou croit aimer), Ellen (Michelle Pfeiffer), une sulfureuse comtesse qui a osé quitter son mari. Attiré par la liberté et l’anti-conformisme que cette femme incarne à ses yeux, Newland n’osera pourtant jamais s’extirper du monde dont il est issu: un univers bourgeois qui, dans ce pays sans racines culturelles, s’est forgé une conduite respectable à coup de rituels, de conventions et de richesses importées d’Europe; un «nouveau monde» qui, copiant jusqu’à l’excès les comportements de l’ancien, a cru accéder ainsi à une forme de respectabilité.
«Le Temps de l’innocence» est ainsi parcouru, dès son générique, par une figure récurrente — l’idée d’un éternel recommencement — qui démontre combien la société américaine a pu changer (dans ses apparences) et combien elle est restée la même (dans ses fondements moraux et structurels): la nouvelle bourgeoisie américaine du début du siècle se comportait avec le même raffinement feint et le même goût du théâtre des sentiments que la bonne société d’aujourd’hui, cachant ses mensonges, ses non-dits et sa duplicité derrière le spectacle de sa bonne conscience.
The Age of Innocence
de Martin Scorsese
Etats-Unis, 1993, 2h15