A voir mardi 2 décembre 2014 à 20h35 sur RTS Deux |
Ce long-métrage de Spike Jonze est adapté du livre mythique de l’écrivain et illustrateur Maurice Sendak publié en 1963 qui, à l’époque, avait eu l’heur de choquer certains parents et psychologues bien-pensants. Ami personnel de Sendak, malgré les quatre décennies qui les séparent en âge, Jonze a mis sept ans à mûrir une transposition sur grand écran tenant de la gageure. Pour mémoire, le bouquin fait juste quelques lignes et autant d’illustrations!
Jusque-là, le cinéma poseur et post-moderne du réalisateur de «Dans la peau de John Malkovich» (1999) et de «Adaptation» (2003) nous laissait un peu froids (mais pas indifférents). Avec «Max et les maximonstres», ce fanatique de skate pulvérise toutes nos réserves. S’il demande à être vu en famille, de manière à permettre un débriefing a posteriori, le troisième long-métrage de Jonze constitue une pure merveille qui n’hésite pas à jouer sur la déception, le négatif, ce que les pontes de la Warner ont peu apprécié, d’autant qu’ils avaient engagé près de 70 millions de dollars!
En regard du laconisme de Sendak, le cinéaste a dû faire maints ajouts d’importance, surtout dans l’introduction préparant tous les éléments structurants du récit fantastique qui suit. On y voit Max (Max Records) dans la vraie vie, condensé de rébellion, hurlant sa rage à sa mère et à sa sœur aînée de ne pas être pris en considération. Après avoir menacé de «dévorer» sa maman, qui a un nouveau compagnon, Max disparaît dans la nuit, revêtu de son costume de loup. Cinglant vers l’inconnu, «là où sont les choses sauvages» (titre original du livre et du film), il aborde une île habitée par des créatures déchaînées, qui mangent ceux qu’elles aiment et commettent des destructions impressionnantes pour des peccadilles. A leur demande, Max devient leur roi…
Vu par Jonze, avec la complicité de Sendak, l’état d’enfance apparaît alors dans sa vérité la plus nue: un amoncellement d’émotions intenses dont il est difficile de se protéger, le rêve ou l’imaginaire échouant dans sa mission compensatrice.
Where The Wild Things Are
de Spike Jonze
Etats-Unis, 2009, 1h42